Etape 32 - Cotopaxi - L'ascension vers le refuge
Dimanche 24 juin 2018. Nous voici enfin arrivés au grand parking aménagé au pied du volcan Cotopaxi***. Enfin, quand je dis "au pied", on avoisine quand même les 4.600 mètres d'altitude. Un dévilelé de presque 300 mètres nous attend pour atteindre le refuge José F. Rivas (4.850 m).

Arrivé au parking, on commence à se préparer. Il fait un vent à décorner les boeufs et je me demande comment ma fille fait pour ne pas s'envoler. Pour commencer l'ascension, on multiplie les épaisseurs à mettre sur le dos pour ne pas avoir froid. Sans oublier le cache-cou, indispensable à cette altitude et avec ce vent. Bref, au bout de 10 minutes de préparation, on est fin prêt.

Nous voilà partis. Clinton et Léa ouvrent la marche. Je ferme le défilé. Pour nous épargner la difficulté, Clinton nous fait monter par le versant ouest qui serpente à flanc de volcan, au milieu de la poussière et de la roche noire. Un peu plus long et moins direct que le long de la moraine principale, mais beaucoup moins éprouvant. Merci Clinton.

Bonne nouvelle. Les violents maux de tête de la veille se sont évanouis dans la nuit. Adios le mal de l'altitude et je suis en parfaite condition physique pour commencer l'ascension.

Au cours de l'effort, je vais relever plusieurs fois les yeux vers le sommet enneigé du Cotopaxi***. C'est un véritable monstre dont la base fait pas moins de 20 km de diamètre. Il est à la fois un des plus gros et des plus dangereux volcans des Andes.

Léa fait une pause. Elle a raison. Grimper, c'est avant tout boire de l'eau et bien s'alimenter. J'en profite pour potasser mon "Routard". En quechua, Cotopaxi veut dire "masse brillante" ou "mont clair". Mais les habitants du coin le surnomment le "roi de la mort"... Tout un programme.

Petite photo-souvenir avec Clinton et Léa. De tout temps, les éruptions du Cotopaxi ont été dévastatrices pour la vallée des Chilos, et plus encore pour celle de Latacunga où penche le volcan. Outre les coulées de lave, les jets de pierres et de cendres, ses éruptions menacent de faire fondre glace et neiges accumulées sur le sommet, provoquant de terribles coulées de boue mortelles.

Les premiers à en avoir fait la cruelle expérience, sont les Coquistadors eux-mêmes, qui, en 1534, à peine débarqués sur place, sont repoussés par une violente éruption du Cotopaxi, alors même qu'ils livrent bataille contre les Incas. Près d'une cinquantaine d'éruptions se produiront au cours des cinq siècles suivants.

Parmi elle, la destruction de Latacunga en 1742 sous le regard sidéré de l'explorateur français La Condamine... Cinquante ans plus tard, en 1802, le célèbre géographe Humboldt tente l'ascension, mais échoue. Le sommet du Cotopaxi ne sera vaincu qu'en 1872 par deux géologues allemands...

Après plus d'une heure d'efforts, nous voici arrivés à quelques encâblures du refuge. Contre toute attente, Léa a tenu le choc. Elle est exténuée, mais elle a réussi l'ascension. 4.800 mètres. Je suis trop fier d'elle.

Tout cela vaut bien sûr de faire toute une série de photos-souvenirs pour immortaliser ce moment. Bravo, ma fille !

Je poursuis l'histoire des éruptions du Cotopaxi. Celle de 1877 fut une des plus violentes de l'histoire. Elle fut entendue à plus de 350 km à la ronde ! Le ciel s'assombrit soudain en plein jour et de nombreux villages furent détruits par une gigantesque coulée de boue qui fit des milliers de victimes. Plusieurs jours plus tard, la même coulée atteignit la plaine tropicale de Manabi, sur le littoral Pacifique, à près de 80 km de là !

L'éruption de 1903 fut mémorable elle aussi... Elle dura tout une année entière.

Enfin, la dernière grande éruption date d'août 2015. De nouveau réveillé, le Cotopaxi cracha un long panache de fumée haut de 8 km ! La ville de Quito fut touchée par une pluie de cendres. L'état d'exception fut instauré dans toute la région et des milliers de personnes durent être évacuées.



On finit tranquillement l'ascension pour atteindre enfin le refuge. Je me sens vraiment bien et j'ai la ferme intention de poursuivre un peu plus haut vers le glacier.


En attendant, on profite d'un bon repas chaud, d'un café et d'un chocolat pour reprendre des forces. Léa n'a pas vraiment le temps d'apprécier l'ambiance "refuge"... Elle s'endort sur la table à peine arrivée.



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